Ce samedi matin, c’était réveil au son du clairon, mais pas pour défiler en uniforme. En tout cas pour les encadrants de la CASIM44, puisque le rendez-vous des stagiaires n’était donné qu’à 13h30. Pour nous autres, encadrants, c’était 10h tout pile. Autrement dit aux aurores, pour le chargement du matériel, afin d’être sur les lieux à 10h30. Ou plutôt 10h29, sous peine de recevoir un appel accusateur de retard ! Moins de 10 degrés au thermomètre en partant, le réveil est dur, mais le temps est sec, et c’est le principal.
Une rapide présentation théorique des ateliers plus tard, les cônes et mètres-rubans sont distribués comme des friandises de Pâques, afin que tout se mette en place. Pendant ce temps, le désigné Picasso de la journée s’affaire à tenter de retranscrire la scène sur le tableau blanc, avec une seule couleur, il ne finira pas au Louvre celui-là…
Quelques dizaines de minutes plus tard, le plateau commence à se dessiner, il est temps de vérifier si nous avons le compas dans l’œil : en selle pour le test. La toute jeune 125 Suzuki permet à son cavalier de passer tous les exercices sans aucun effort, par contre il n’en est pas de même pour les autres montures… Après l’échec de nombreux candidats, le verdict est sans appel, il faut agrandir. On agrandit une fois, mais les trottoirs (qui les a mis là ???) commencent à nous gêner. Pas de problème, l’idée de génie : “si l’atelier pivote en diagonale il y aura plus de place !” ainsi soit-il, pivotons.
“Ah oui c’est mieux”, nous nargue Perceval sur son destrier de 14 canassons, pour les autres avec leurs paquebots, on frôle toujours les trottoirs… Et on n’a pas envie que nos chers stagiaires ne posent le regard dessus…Car on sait que là où va le regard… L’histoire se termine dans le trottoir !
La décision est difficile à prendre, on se concerte, on réfléchit 7 secondes, et on décide de déplacer l’exercice dans un lieu plus sûr. Heureusement les idées de génies ne manquent pas ce weekend ! Et puis tant qu’à faire, puisqu’il y a de la place là-bas, on n’a qu’à y mettre le deuxième atelier aussi.
La cueillette des plots étant faite, la mule blanche transporte son chargement dans une zone bien plus sèche et dégagée. En trois coups de cuillère à pot, les plots sont à nouveau semés, le plateau est donc fin prêt.
D’un côté, certains s’improvisent cascadeurs en tentant quelques figures acrobatiques , ou prennent de l’avance sur l’atelier équilibre, c’est bien de prendre de l’avance. Finalement c’est atelier “relevé d’Hornet”, toujours la même moto qui s’y colle, faut croire qu’on lui en veut…
De l’autre côté, pendant ce temps-là, le voleur de montures avait déjà piqué la moto de la moitié de l’équipe, le voilà qu’il s’enfuit avec mon fidèle destrier, en dehors des sentiers battus, sur route ouverte ! “Je reviendrai !” qu’il criait dans son casque, mais on n’entendait plus à ce moment-là que le cri strident de la vieille verte : “Je veux rentrer chez mwwwaaaaatatataaa!!!!!”.
On ne sait ni quand ni comment, mais elle a fini par revenir. Ça tombe bien, c’est l’heure de déjeuner, l’équipe se dirige donc dans un lieu bien connu de la casim44 pour manger au chaud et au sec.
12h50, oups c’est déjà l’heure d’y aller ! La cafetière est vidée de force pour assurer que tout le monde soit bien en forme pour l’après midi, et c’est à nouveau le départ pour retourner sur le plateau et effectuer le briefing moniteur.
Nous retrouvons devant le portail de l’Aftral le reste de l’équipe d’encadrants (on les avait perdus mais comme on est trop fort on les a retrouvés), apparemment on n’est pas en avance … Pas de problème tout est déjà prêt, puis ils sont tous venus en voiture ? Certains ont rejeté la faute sur une batterie moto HS, personne n’y a cru.
13h (et des cacahuètes), début du briefing encadrants, en rang devant l’œuvre d’art, pour présenter les ateliers aux derniers arrivants. Evidemment, un tableau de cette trempe ça doit rester tel que l’auteur l’a imaginé, donc forcément, la position des ateliers initialement prévue ne colle plus du tout au terrain, mais ce n’est pas grave, un petit travail cérébral et chacun sait où il est et où il va !
13h30 (moins des cacahuètes), les premiers stagiaires arrivent. Quelques encadrants surveillent de loin si la règle de parking “façon Casim” est respectée. Bingo ! Quelques secondes plus tard les foudres des moniteurs s’abattent sur un stagiaire !! “Ce n’est pas bien… mais on ne dira rien aux autres 😉 “.
Quelques cacahuètes plus tard, une ribambelle de stagiaires se présente, et tous ne font pas l’effort.
“C’est plus sécurisant de descendre pour pousser une marche arrière” qu’on lui dit.
“Je ne l’ai jamais faite tomber encore.” qu’il nous répond à côté de sa belle Triumph. L’histoire ne raconte pas que ça lui aura porté la poisse et qu’il la baptisera d’un baiser du bitume ce jour-là. Ah si elle le raconte, oups. Ça fait penser à l’histoire d’un gars qui voulait se débarrasser de sa Triumph, et qui a réussi, mais c’est une autre histoire.
Les motos en tout genre défilent, des bleues, des rouges, des rayées ? Tant qu’il y a la passion, on n’est pas regardant. “Mon frein arrière est mal réglé !”. Mince ce n’est pas top mais ça se règle. “J’ai que 58cv c’est trop mou!” y’a mieux mais y’a pire. “Ma moto m’affiche 70km/h en fond de 5 !”, ah là c’est intéressant !
Pas le temps de lancer un CPM mécanique, 13h30, c’est l’heure de commencer le CPM du jour. Un coup de sifflet strict de notre gendarmette et tout le monde se rassemble une nouvelle fois devant la toile de maitre (sauf deux/trois réfractaires à l’autorité, ils viendront de leur plein gré).
“Les règles sont simples : tuer ou se faire tuer. Mince mauvais scénario, on recommence.”
C’est parti pour la répartition des stagiaires en groupes, d’un côté les rookies (à ne pas confondre avec Roucky le chien) qui débutent et vont pouvoir bénéficier d’un accompagnement personnalisé au sein de l’atelier “intelligemment” baptisé “Le bac à sable”. Pour les autres, autre ambiance. Il fallait lors de l’inscription, choisir son niveau selon “l’échelle des pilotes”. Le débat est encore ouvert quant au palmares à prendre en compte , l’important était de se rappeler son choix lors de l’inscription : Zarco (intermédiaire) ou Bagnaïa (expert) (tant pis pour nos préférés, on aurait aimé Rossi, ou Coluche).
Les premiers à s’équiper sont les rookies, qui profitent de l’espace sur le parking pour travailler les bases : position sur la moto, regard, point de patinage. Des classiques, mais qui est toujours bon de revoir et de maitriser.
Pour les pilotes plus confiants, la répartition se fait sur 4 ateliers.
Un premier, simple mais toujours aussi important : Le freinage. Sur une piste propre et large de 100m de long (un peu plus pour les Guzzi), les motos vont pouvoir s’élancer une à une pour effectuer leur plus beau freinage. “Freiner c’est pour les lâches” raconte une célèbre BD, oui mais c’est aussi pour ceux qui restent en vie ! L’objectif ici est de s’habituer à la puissance du freinage, et à déclencher l’ABS lorsque la moto en est équipée. Y’en a qui ont essayé de le déclencher sans qu’il soit présent, ils ont eu des problèmes, mais c’est encore une fois une autre histoire.
Non loin de là, un second atelier de maniabilité cette fois ci, encore un classique du genre, mais pas pour autant facile : l’escargot. L’idée est d’entrer dans la zone par l’étroite porte et de dessiner un beau cercle sans faire tomber les plots, puis ressortir par une seconde porte. La propriétaire des lieux garde un œil sur les stagiaires qui lui rendent visite, on ne dit pas s’il faut la regarder droit dans les yeux ou éviter son regard, il fallait être là pour vivre l’expérience.
A proximité de cette spirale infernale se trouvait l’atelier suivant, baptisé le trèfle. Cette fois encore, la maniabilité est l’objectif principal, mais on y ajoute cette fois un peu d’orientation, les encadrants organisent donc une reconnaissance du parcours.
Dans le principe : un plot central et 4 plots à chaque extrémité, le but est d’enchainer des 8 entre le plot central et les plots latéraux. Un bel enchainement de virage de chaque côté à faible allure, pour ceux qui arrivent à boucler les 4 feuilles du trèfle.
Pour finir, un dernier atelier de maniabilité mais sur la longueur : un doublé de slalom. Pas de neige ni de bosses, il n’empêche que ça a pu donner chaud après une après-midi d’effort. D’une part, un alignement de plots, terminé par un grand cône dont on peut faire le tour afin de revenir sur ses pas, en essayant de rester entre les lignes si possible. De l’autre, dans le sens opposé, un enchainement de plots mais décalés. Il faut lutter contre la gravité pour pouvoir les passer tous sans partir en orbite !
Les grand guidons et autre 125cc sont avantagés ici, les rayons de braquage de sportives ne sont pas les bienvenus ! Enfin si mais leurs pilotes vont en baver. Pour finir l’exercice, deux portes pour se remettre dans l’axe et une planche sur laquelle les deux roues (je dis bien les deux roues) doivent passer. On s’imagine bien tentant d’éviter quelques vélos et trottinettes puis se retrouver coincé entre deux files d’automobiles en ville n’est-ce pas ?
16h30, la journée touche à sa fin. Les stagiaires ont tout donné pour faire plaisir à leurs encadrants, il est donc temps de s’arrêter pour un débrief avant de rompre les rangs.
Un dernier coup de sifflet autours de la “croute” et tout le monde se dit au revoir, rangement du matériel pour les uns, l’appréhension (ou l’excitation) d’un weekend boueux le samedi suivant en tête pour les autres.
Cette histoire est tirée de faits réels, certaines scènes ont été romancées. Toute ressemblance avec des personnes connues est assumée.
Aucun animal à moteur n’a été maltraité pendant le tournage.